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Dans ces carnets, les textes et les photos relatent des situations que j’ai vécues au cours de mes voyages. Des moments forts en émotions, en observant le comportement des animaux. Dans tous les cas, des moments qui amènent à réfléchir sur la condition animale et à notre relation avec eux.

“L'homme n'est pas le seul animal à penser, mais c'est le seul à penser qu'il n'est pas un animal” - Pascal PICQ

A tous ceux.A tous ceux.A tous ceux.
A tous ceux.

Parc d' Etosha, Namibie, 1er Novembre. 

La matinée s'achève. La chaleur a envahi l'atmosphère, écrasant même le bruit des animaux défilant à tour de rôle vers le point d'eau. Je ne sais pas comment ils s'en arrangent. Par petits groupes, bien ordonnés, ils viennent s'abreuver, pour survivre aux dernières semaines de sécheresse  dans ce paysage aride, brulé par le soleil

Cette fois ce ne sont pas eux qui font l'objet de mon attention, mais un zèbre , couché sur son flan, les pattes raides. Est-il mort? En l'observant de plus près, je m'aperçois qu'il est encore vivant, mais pour combien de temps? L'animal souffre, terrassé sous ce soleil de plomb. Il respire avec difficulté, son ventre gonflé est pris de contorsions. Sans doute une femelle, dont la mise bât tourne au cauchemar. Il y a peu de chance pour que son issue soit heureuse. Je l'observe impuissante, tout comme ses congénères restés à une dizaine de mètres d'elle. Immobiles, ils tournent le dos au point d'eau, certains la tête baissée, d'autres le regard fixé vers la souffrante, comme tétanisés par la scène.

Soudain, ses membres s'agitent violemment, puis après plusieurs minutes de convulsions, son corps s'apaise, libéré de la souffrance. Elle est morte sous mes yeux. Sous nos yeux. 

Aussitôt, les zèbres restés à distance, se rapprochent d'elle. Un à un, adulte comme poulain, ils la reniflent, la touchent, grattent la terre autour d'elle.  

Puis, comme surgi de nul part, un zèbre arrive au galop vers le corps inerte. Les autres s'écartent, lui laissant la place. C'est l'étalon du groupe. A son tour, il la renifle, la  touche à plusieurs reprises puis mord violemment sa joue. Empoignant sa mâchoire à pleines dents, il soulève violemment sa tête du sol, puis la laisse retomber et recommence encore et encore.  Sans réponse à ses morsures, il finit par lâcher prise. 

Son renoncement déclenche alors le départ du groupe.  Les zèbres, d'un pas lent, s'éloignent alors de la défunte, en file indienne. L'étalon ferme la marche. Soudain, il s’arrête, regarde une dernière fois vers le corps gisant, puis reprend sa route, sans plus jamais se retourner. 

Abasourdie, d'avoir assisté à cette scène, témoin incongru de la vie de ce groupe de zèbres face à la mort de l'une des leurs, mon empathie se mêle à  leur affliction. Je romps alors le silence et dis : " A tous ceux qui pensent que le steak dans leur assiette n'est que de la viande ".                            

 
 
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